SERGE REGGIANI
Serge Reggiani, décédé en 2004, fait partie comme Yves Montand de cette génération d'italiens immigrés en France dans la première moitié du siècle. Il symbolise les beaux jours du Quartier Latin des années cinquante. Pour les artistes, pour le public, il représente le talent total, celui qui va de la chanson la plus noble (comprenez "poésie") au théâtre le plus exigeant (monologue) en passant par la peinture, la littérature et le cinéma.
Serge Reggiani est né le 2 mai 1922 à Reggio Emila, dans le nord de l'Italie. Son père, antifasciste notoire, fuit vers la France le 1er novembre 1930 avec femme et enfant. Dans un premier temps, toute la famille s'installe en Normandie, à Yvetot, où Reggiani père ouvre un salon de coiffure. Puis en 1931, c'est à Paris que déménagent Serge et ses parents. Après avoir connu des temps difficiles dans différents quartiers de Paris, c'est dans le faubourg Saint-Denis que les Reggiani trouvent enfin du travail.
Rital
En presque une année, Serge qui a presque 10 ans, apprend le français et devient premier de sa classe. Cependant, c'est le sport qui l'intéresse le plus, et en particulier la boxe qu'il pratique passionnément. A 13 ans, il quitte l'école et devient apprenti-coiffeur.
En 1937, il découvre une petite annonce concernant l'ouverture d'un conservatoire des Arts cinématographiques. Il présente sa candidature avec succès et sort en fin d'année avec le 1er prix de comédie.
Après quelques petits rôles au cinéma et au théâtre, il décide de s'inscrire au Conservatoire national d'Art dramatique en 1939. Deux ans plus tard, il en sort avec deux prix de comédie et de tragédie.
En ces années de guerre, Cocteau le remarque et lui fait jouer sa pièce "Les enfants terribles". Mais Reggiani, qui s'est déjà brillamment illustré au théâtre, est nettement plus attiré par le cinéma. Très apprécié dans des rôles de jeune premier au destin plutôt dramatique, son premier succès date de 1943 dans "Le carrefour des enfants perdus" de Léo Joannon. Pendant ce tournage, il rencontre sa première épouse, la comédienne Janine Darcey, avec qui il aura deux enfants : Stéphan en 1946, et Carine en 1951. Après ce tournage, il fuit Paris avec d'autres comédiens afin d'échapper au travail obligatoire en Allemagne, ainsi qu'à son enrôlement dans l'armée italienne.
En 1948, Serge Reggiani obtient la nationalité française.
Après la guerre, Reggiani qui est désormais un comédien renommé, apparaît dans de nombreux films dont les plus célèbres sont "Etoile sans lumière" de Marcel Blistene avec Edith Piaf, "Les portes de la nuit" de Marcel Carné en 1946, "La ronde" de Marcel Ophuls en 1950, et surtout "Casque d'Or" de Jacques Becker en 1952. Durant ce dernier tournage, Serge Reggiani partage l'affiche avec celle qui sera son amie jusqu'à la mort de celle-ci en 1985, Simone Signoret.
En 1959, il interprète une vingtaine de chansons lors d'un programme radiophonique. Reggiani, qui aime déjà beaucoup chanter, possède une voix grave et un phrasé particulier, mais il faut encore attendre quelques années pour que la chanson entre dans sa vie.