33 ANS DEJA IL ME MANQUE CET HOMME LA
Assis devant une table de bridge, dans la bibliothèque qui jouxte son bureau, au rez-de-chaussée de "La Boisserie", le général de Gaulle fait une réussite en attendant le journal télévisé, quand il est pris d’un malaise. Diagnostic : rupture d’anévrisme. Vingt minutes plus tard, Charles De Gaulle décède. Il est 19h30, en ce lundi 9 novembre 1970.
"Le général De Gaulle est mort. La France est veuve"
La nouvelle ne sera rendue publique que le lendemain matin. A 13h, c’est le président Georges Pompidou qui l’annoncera lui-même, dans une courte allocution radiotélévisée: "Français, Françaises, dit-il, le général De Gaulle est mort. La France est veuve."
Charles de Gaulle allait avoir 80 ans. Désavoué par les Français à l’issue d’un référendum prétexte, il vivait retiré sur sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises depuis plus d’un an. Pourtant, sa mort a fait l’effet d’un coup de tonnerre.
En lettres énormes, cet après-midi là, la nouvelle barre la une du Monde, qui reprend les termes de l’hommage du président Pompidou : de Gaulle "a donné à la France actuelle ses institutions, son indépendance, sa place dans le monde." Le lendemain matin, dans Le Figaro, c’est le dessinateur Jacques Faizant qui illustre le deuil national à travers un croquis devenu célèbre : Marianne qui pleure contre un chêne abattu.
Les hommages viennent du monde entier. En France, adversaires politiques et personnalités se rejoignent dans un concert de louanges inattendu : de Brigitte Bardot ("La France a perdu un homme d'Etat et un général de grande classe") à l’éternel opposant, François Mitterrand ("On ne peut pas aimer la France plus qu'il ne l'a aimée") en passant par le cardinal Danielou ("Le général de Gaulle est le type du laïc chrétien, à la fois dans la valeur de sa vie privée et dans cet esprit de service, de don total de soi-même qu'il a poussé à un degré héroïque, au service, non seulement de la France mais de Dieu")
La France lui rend hommage
Bien avant l’Elysée, le général de Gaulle avait fixé le cérémonial de ses funérailles. "Je veux que mes obsèques aient lieu à Colombey-les-Deux-Eglises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cérémonie publique. Ma tombe sera celle où repose déjà ma fille Anne et où, un jour reposera ma femme. Inscription : Charles De Gaulle (1890-….). Rien d’autre."