1926 et 1934
Née Berthe Faquet, le 7 février 1885, à Kerloïs, en Bretagne [*], cette populaire chanteuse fait ses débuts vers la fin des années dix. Elle est des programmes du Casino de Montmartre et du Casino Montparnasse peu avant la guerre. En 1916, elle est déjà assez connue pour que Scotto lui confia une chanson sur des paroles de J. Mauris intitulée "Les tourneuses d'obus" (sic) - mais ce n'est qu'à la fin des années vingt qu'on la découvre, enfin, en 1928 d'après la légende, au Caveau de la République, dans un répertoire plus ou moins larmoyant mais déjà elle avait eu un grand succès l'année précédente, à la radio (elle fut une des toutes premières à chanter sur les ondes de Radio Tour Eiffel) avec une chanson qu'elle allait garder à son répertoire jusqu'à la fin : "Les Roses Blanches" (de Charles-Louis Pothier et de Léon Raiter).je veux bien sur parler de BERTHE SYLVIA.
Le succès est foudroyant. Le Raccommodeur de faïence, enregistré en 1929, se serait vendu à 200 000 exemplaires en deux ans. Les tournées en province se multiplient. À Paris, on l'entend à Pacra, à l'Européen, au Bataclan, à la Gaîté-Montparnasse, mais les salles les plus prestigieuses la boudent. Elle partage un moment l'affiche avec Fred Gouin, chanteur très prolixe en enregistrements (450 faces de 78 tours pour Odéon entre 1927 et 1935), aujourd'hui tombé dans l'oubli. Elle grave avec lui des duos tels Ferme tes jolis yeux (1932) et Un soir à La Havane (1933). Leur relation est passionnelle. Fred Gouin fut très affecté par la perte de son amante et amie. Il prit le maquis durant les années de guerre, puis quitta le monde de la chanson pour se reconvertir dans le commerce des frites.
Quelques anecdotes d'une authenticité plus ou moins douteuse jalonnent le parcours flamboyant de Berthe Sylva. En 1935, ses admirateurs marseillais lacèrent les banquettes de l'Alcazar, où elle joue à guichets fermés au début de la guerre, et enfoncent la porte de sa loge. En 1936, à l'enquête « quelle est votre chanteuse préférée ? », une majorité de jeunes filles entre 13 et 15 ans répondent « Berthe Sylva ». Une autre source mentionne un passage sur Radio-Toulouse en 1925 qui lui aurait valu 16 000 lettres d'admirateurs.
Berthe Sylva se fixe à Marseille au moment de l'Armistice de 1940. Le chanteur Darcelys y fut l'un de ses amis les plus fidèles. Elle meurt minée par la boisson et la pauvreté. Sa maison de disques finance des obsèques auxquelles seuls quelques amis assistent. Sa dépouille fut transférée à la fosse commune du cimetière Saint-Pierre de Marseille, lorsque, plusieurs années après, il ne se trouva personne pour renouveler la concession.
Les légendes entourant Berthe Sylva auraient été créées de toutes pièces ou à partir d'extrapolations journalistiques de faits réels après sa disparition. La diffusion de ces légendes fut facilitée par le fait qu'on ne possède quasiment aucun témoignage solide de nature biographique et par l'absence de documents cinématographiques. En outre, si l'on relativise l'importance de ses prestations sur scène, l'immense succès de Berthe Sylva est avant tout lié à ses nombreux enregistrements.
Sa voix précise qui se marie très bien avec la technologie en plein essor du microphone et de l'enregistrement électrique, son registre vocal étendu, la qualité de son interprétation, tantôt pathétique, tantôt enjouée, son physique ingrat de femme meurtrie par la vie furent les clefs du succès qu'elle connut de son vivant. Sa discographie puise à toutes les sources, sauf américaines : succès anciens des années 1900, succès d'opérette comme de cabaret, chanson réaliste, musette, musiques de films à grand succès. Berthe Sylva excelle dans la chanson narrative.voici les 2 chansons choisies ce dimanche.
Berthe Sylva Les roses Blanches
berthe sylva Frou-Frou